Nous sommes arrivées un peu essoufflées, le chemin vers est plus long que ce que je ne pensais. Junior dort contre moi.

Encore trois étages à gravir et nous avons trouvé la bonne salle. Direction le vestiaire.

Pas de tenue réglementaire. Pour cette première fois un t-shirt, un leggings et une paire de chaussettes feront l'affaire.

Le stress monte un tout petit peu.

Quelques fillettes se mettent à pleurer.

J'ai la gorge qui se noue légèrement. Peut-être que je n'aurais pas dû insister pour venir ce matin. Peut-être que Baby Z n'est pas prête.

Baby Z s'inquiète, elle n'a pas de juste au corps comme les autres fillettes. C'est pas grave je lui réponds, c'est un cours d'essaie, pour voir si la danse va lui plaire. Nous irons en acheter un si elle souhaite continuer les leçons.

Elle ne me quitte pas, elle me tient fermement la main. Baby Z regarde autour d'elle l'air inquiet. Je la sens perdue. Elle se rapproche de moi. Je sers un peu plus sa main dans la mienne.

Le cours commence. Anne-Marie appelle toutes les ballerines à la rejoindre et à former une belle ronde.

Elle avance tout doucement, lentement pour que nos mains s'enlacent encore un moment.

On se lache la main, mais pas le regard.

Je ne m'occupe pas de la maman qui pousse un peu trop fort sa fille pour qu'elle rejoigne le groupe. Je ne m'occupe pas plus de la maman qui explique à qui veut bien l'entendre que la danse fera du bien à sa fille et qu'enfin, peut être elle perdra son ventre rond. Ventre de bébé tout simplement que C s'empresse de cacher.

Voilà, la ronde est formée.

Elles se lâche les mains. Anne-Marie se présente, fait une belle réverence, une fois, deux fois. Explique que c'est de cette façon que les ballerines se disent bonjour.

Baby Z est attentive. Pas encore à l'aise, la façon dont elle mange ses doigts en témoigne. J'ai envie de rentrer, avec elle dans mes bras, la couvrir de baiser, lui dire qu'on ne reviendra que plus tard quand elle sera prête. Dans 10 ou 15 ans peut être.

Tour à tour les danseuses entre dans la ronde et se salue à la manière des ballerines.

C'est au tour de ma fille. Elle me regarde, je l'encourage en silence, du regard je la porte jusqu'au centre du cercle.

Elle y est arrivée! Elle a tenu son t-shirt en guise de jupon, elle a mis sa jambe comme ça et comme ça et s'est présentée.

Son visage s'est illuminé.

L'heure de leçon a continué. Les traits tirés de Baby Z ont laissé place à un large sourire. Elle me regarde encore de temps en temps, vérifie que je sois bien là. Oui mon Poussin je n'ai d'yeux que pour toi.

Je la vois s'appliquer. Qu'elle est belle.

Je feins de retenir une quinte de toux, les yeux me piquent d'émotions, de bonheur.

Ma fille a grandi.

Le cours est terminé. Elle court dans me bras. Je la sers fort, lui dit ô combien je l'ai trouvé formidable.

Le cordon a gagné quelques centimètres. Et je souhaite de toutes mes forces qu'il ne rompt pas, pas encore, pas trop vite.

Je grave ce moment dans ma mémoire. Je viens de me prendre mon premier coup de vieux.

Madame X est septuagénaire. Malgré ses 70 printemps bien passés, elle se promène chaque jour dans Paris. Continue de faire ses courses seule, reçoit fréquemment des amies pour le déjeuner, et part régulièrement en voyage.

Madame X vit seule dans son appartement. Elle a été mariée autrefois. Et après son divorce elle a décidé que sans mari, sans animal de compagnie c'était bien mieux ainsi.

Madame X est en quelque sorte l'histoire de notre immeuble, elle y vit depuis tant d'années maintenant. Elle occupe le rôle officieux de concierge en accueillant les entrepreneurs, en gardant les clés des voisins, en recevant les colis. En alimentant de temps en temps les rumeurs et autres ragots.

Madame X c'est ma voisine de palier. Elle a toujours un mot gentil. Apporte toujours un cadeau pour Baby Z lors de ses voyages, gâte ma fille pour ses anniversaires, auxquels nous l'avons invité. Elle a offert un beau cadeau de naissance à Junior, sans oublié Baby Z "pour ne faire de jalousie". Elle me tient toujours la porte de l'ascenseur quand je peine à faire rentrer tout mon petit monde (Baby Z, Junior, l'énorme Loola, les sacs du Monop').

Madame X aime bien Mister. Elle s'est d'ailleurs inquiétée de nous voir partir quand elle a su que j'étais enceinte de Junior. C'est elle qui a gardé Baby Z lorsque nous nous sommes rendu à la maternité le 8 mars dernier.

On en a de la chance!

Tout le monde aimerait avoir une voisine comme Madame X. Ouais tout le monde...

Enfin sauf quand on l'a surprend en train de casser des branches de notre olivier posé devant notre porte d'entrée.

Enfin sauf quand tu apprends qu'elle souhaite porter plainte contre nous parce qu'on ose mettre la poussette de Junior devant chez nous.

Méfions nous des Madames X

Dimanche 4 septembre

- De toute façon, je ne veux pas aller à l'école

Lundi 5 septembre

On avait préparé les vêtements pour la rentrée : un "zupe" et un t-shirt. On avait pas prévu la pluie de ce matin. Changement de tenue de dernière minute, mais tout va bien.

Biberon de lait avalé, tartine de pain péniblement mâchée, pas terminée d'ailleurs.

En route.

Bon il ne pleut plus, mais on ne va pas se changer encore une fois.

C'est moi où Baby Z a vachement grandi?

On arrive, on cherche le nom de Baby  Z sur les listes.

Ha crotte on le voit pas. C'était bien automatique l'inscription en moyenne section non? Flûte, il est où son nom? Ha voilà...

Premier étage, couloir de gauche. Je vois Baby Z se cramponner à la main de Mister, j'ai les boules, elle a tellement grandi.

En fait on s'est trompé, elle devrait rentrer en Petite section et pas en Moyenne. Ce n'est pas possible que le temps ait filé à cette allure.

Me demande si à la rentrée en CP je lui mettrais la honte en pleurant à chaudes larmes. Je me retiens.

On repère son porte-manteau et ses premières larmes apparaissent.

On entre dans la classe, Baby Z collée à ma cuisse. J'essaie de faire diversion.

- Oh regarde ma Puce,  il y a lui et lui et elle et l'autre dans ta classe. Dis-donc elle chouette ta classe. Tu as vu tous ces tubes de peinture? Et là regarde la même boîte à gâteau que maman!

- Tu as vu maman il y a un four dans la cuisine! Et puis il y a aussi les même verres que chez moi.

Présentation à Nadine la nouvelle maîtresse, nouvelles larmes.

Baby Z ne  veut pas que je parte, tu me diras je n'ai pas envie de la laisser non plus. "Je reste un petit instant"

Elle a retrouvé une copine, a trouvé le coin des poupées. Elle m'a regardé, m'a souri.

- C'est bon maman, tu peux partir, ça va aller.

C'est toujours aussi difficile les rentrées scolaires?

Samedi, nous avons dit au revoir à Mister. Rendez-vous dans 3 semaines.

3 semaines c'est long, 3 semaines ça va être sport.

Tu me diras j'ai de l'entraînement : j'ai (sur)vécu au mois de mai alors que Mister n'était à l'appartement qu'en transit et à la très pénible semaine de juin.

Un des avantages à être seule avec Baby Z et Junior c'est que je n'ai pas besoin de traîner mes guêtres dans une salle de sport! Malgré mes grignotages compulsifs de chips j'ai quasiment retrouvé mon poids d'avant grossesse. L'inconvénient c'est qu' avec ma tête de zombie les gens doivent penser que je suis malade...

Trois semaines... Rien que d'y penser j'ai la tête qui tourne.

Tout gérer toute seule du matin au soir. Quoiqu'avec Junior qui tète toutes les 2 heures la nuit, la notion de jour et de nuit n'existe plus. C'est du non-stop.

Les habiller, les déshabiller, les laver, les changer, les nourrir - heureusement que Baby Z aime beaucoup le menu coquillettes-haricots verts-jambon...Changer toutes les couches, prier pour qu'ils fassent leur sieste ensemble. Non loupé. Rester souriante, ne pas (trop) crier. Croiser les doigts pour qu'ils s'endorment tôt. Ha non Baby Z ne s'endort qu'après 23h... S'endormir et donner la 1ère tétée de la nuit à 1 heure du matin. Gérer les tétées nocturnes, gérer les réveils de Baby Z.  Jouer, lire des histoires, se forcer à aller en promenade, inventer des astuces pour éviter que Baby Z ne se laisse emporter par une colère, faire des gâteaux.  Passer du temps seule avec chacun. Se lever à 7h. Quel jour on est?

Plier les roues de la Loola, maudire le poids de la Loola, prendre l'ascenseur, déplier les roues. Rentrer, plier les roues, prendre l'ascenseur, laisser les roues pliées. Ranger, dépoussiérer, préparer l'appartement pour les prochains travaux, s'occuper du linge, trier, sécher, plier, ranger. Ne pas laisser la poubelle se transformer en nid à mouches, faire la vaisselle. Faire quelques courses. Se coucher vers 23h00 après le deuxième pipi de la journée, me demander si je me suis bien lavée les dents ce matin, me promettre de prendre rendez-vous avec le gynécologue, le dentiste.

Ne pas pouvoir se poser, ne pas pouvoir souffler...

Gné quand je te disais que je méritais une médaille!

J'ignore comment font les mamans qui gèrent tout cela seule tout au long de l'année, je leur dis bravo.

Bien entendu ce n'est pas le premier livre que je lis. Mais c'est le premier livre que je lis d'une traite depuis fort, fort longtemps.

Un livre qui traite de la maternité.

Un livre qui traite avec sincérité, et humour des difficultés que les mères peuvent éprouver lorsqu'elles endossent plusieurs casquettes à la fois : enfants, boulot, maison... Tout en évitant le burn out.

Un livre de mamans mais de femme aussi : on y trouve des conseils de mode, de régime.

Un livre que je recommande  à toutes. Mamaaaaaaa?! Quoi encore, de Mademoiselle Caroline.

Merci soeurette pour ce super cadeau!

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